Wednesday, May 30, 2007

E. Perrot, Sept Chants de Taut, I



I
Liminaire Pour Epiménide

Epiménide de Gnose, étant sorti dans les champs,
entra, dit-on, dans une grotte et s'y endormit.
Le sommeil ne le quitta pas avant quarante ans.
Après quoi il écrivit des poèmes et purifia des villes,
au nombre desquelles Athènes.
( Pausanias: Descriptio Graeciae, I, XIV )

Lumière de l'automne, or souriant du soir
Où la branche en jouant répand sur moi des signes,
Tu m'annonces la paix et, douce, me désignes
Des jardins baignés d'eaux, mon nouveau reposoir.

J'ai durement peiné pour gagner ce royaume:
De mille vieilles peaux j'ai marqué les chemins.
Mais le grand vent des dieux brassa ces parchemins,
Nu comme les héros, sans traces, je suis l'homme.

O Terre des parfums et des fruits, Terre acquise
Par mes pleurs et mon sang, dis, que veux-tu de moi ?
Libre de tout devoir, recevrai-je ta Loi
Pour la porter en cet enfer où tout se brise ?

Le goût du paradis m'a quitté dans la mort,
Pierre durcie au feu j'ignore le plaisir.
D'une frêle herbe en moi tu fis un glaive fort:
Il est prêt pour ta main, si tu veux le saisir.

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